UNE COURTE HISTOIRE DU MUSETTE

Le musette fête son centenaire, voilà donc l’occasion de remettre ce style si caractéristique de la France et de l’esprit français du début du XXe siècle au centre d’un projet de création.


Le musette est peut-être le style musical le plus multiculturel qui soit, né de rencontres internationales sans précédent. En effet, au début du siècle dernier, la France et en particulier Paris connaissent d’importantes vagues d’immigration. Italiens, Espagnols, Portugais, Européens de l’Est, Sud-Américains arrivent en nombre pour s’installer dans la capitale. Au même moment, la France vit un exode rural très intense. Les habitants des provinces quittent leurs campagnes et convergent eux aussi vers Paris. Les Auvergnats sont parmi les plus nombreux et investissent le quartier Bastille avec leur instrument fétiche : la musette, une sorte de petite cornemuse, dont la poche d’air est gonflée à l’aide d’un soufflet.

Ces nouveaux Parisiens vont pour la plupart travailler dans le secteur industriel en pleine expansion. Le samedi soir venu, ils cherchent à se divertir et se donnent rendez-vous dans les cafés-charbons tenus par les Auvergnats près de la rue de Lappe. C’est ici, dans ce faubourg populaire, que vont s’improviser les premiers bals, avec au départ la fameuse musette auvergnate pour instrument roi.

Les italiens, très présents, ont dans leurs bagages un instrument jeune et encore méconnu qu’on appelle l’accordéon. Très vite, ce dernier va remplacer la musette dans certains bals et provoquer de terribles échauffourées entre Auvergnats et Transalpins. La tension est si forte, les coups de révolver si fréquents, que le préfet de police de Paris prend la décision d’interdire les bals populaires dans l’enceinte de la capitale. Voilà donc que musiciens et danseurs prennent leurs quartiers dans les guinguettes des bords de Marne, à quelques kilomètres de Paris.

Ces Parisiens d’adoption venus de tous les horizons vont faire de la musique ensemble, de la musique à danser. Chacun apportant sa pierre à l’édifice, le style musette va naître d’un métissage sans précédent. Les Espagnols font découvrir le paso-doble, les Polonais la mazurka et la polka, les Sud-Américains le cha-cha et la rumba, les Argentins le tango, les Américains le fox-trot, etc. Tous ces styles de danse, aujourd’hui encore caractéristiques du musette, sont nés de ces échanges entre musiciens venus des quatre coins de la planète. Très vite la valse musette s’enracine et devient la reine de ce répertoire métissé.

L’accordéon des Italiens a supplanté la musette en devenant l’instrument central des différentes formations musicales, les Auvergnats sont néanmoins consolés car leur instrument laisse finalement son nom à ce style aujourd’hui centenaire.