RÉCITAL SOLO – « Préludes, Valses et Envols »

Souvent, la question m’est posée de savoir pourquoi j’aime l’accordéon. Ce programme, comme mon nouveau disque qui lui est consacré, vient apporter une réponse en musique à cette interrogation aussi fondamentale que difficile. Il est une confidence, un secret que je viendrai chuchoter à chacun d’entre vous

J’ai jeté mon dévolu sur ces pièces que j’adore et qui, je le crois, mettent en lumière des facettes très différentes de l’accordéon. Je les ai organisées en cycles de trois œuvres, cinq cycles comportant chacun un prélude, une valse et un envol. Peut-être que ces trois mots, « Préludes, Valses et Envols », résument à eux seuls la fabuleuse histoire de l’accordéon. Je souhaite en tout cas qu’ils éclairent son avenir et je me dois de vous dire pourquoi.  

« Préludes, Valses et Envols » : les confidences d’un accordéoniste

Préludes

Le Prélude est un commencement, la première pierre d’un édifice qu’il faudra construire patiemment, l’orée d’un chemin sinueux qu’il s’agira de suivre en évitant les embûches, en négociant les virages, en franchissant les cols.

Avoir choisi pour instrument l’accordéon et vouloir le porter dans un répertoire que bon nombre auraient voulu lui interdire, celui de la musique classique, voilà le point de départ du parcours de nombreux accordéonistes. Ils ont à leur service un outil essentiel : celui de la transcription. Depuis des décennies, de talentueux instrumentistes ont osé faire entendre de grandes œuvres dites classiques à l’accordéon, un instrument pour lequel ces pièces n’étaient pas destinées. 

Les préludes présentés ici s’inscrivent dans la lignée de ce travail aussi passionnant que nécessaire. Les notes de Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin, Johannes Brahms ou Isaac Albéniz résonnent autrement et déploient de nouvelles couleurs. Il ne s’agit pas de faire mieux, ni même aussi bien. Il s’agit de faire, simplement et humblement, pour avoir le bonheur de toucher cette musique pensée pour d’autres mais écrite pour l’humanité tout entière.


Valses

La Valse est une fête. Elle est un tourbillon d’émotions chamarrées telles que la nostalgie, la folie, la mélancolie ou la joie. La valse est aussi une indéfectible compagne du piano à bretelles. Elle a fait sa gloire, elle a contribué plus que tout autre à écrire son histoire. Des guinguettes des bords de Marne aux dancings de la rue de Lappe, des plus grandes scènes de Music-hall aux bars enfumés des boîtes de jazz, des bals populaires de petits bourgs de province aux grands écrans de salles obscures, l’accordéon a fait valser sans relâche.

Les valses égrainées dans ce programme sont des hommages, une manière d’affirmer mes racines et de dire à des accordéonistes d’hier et d’aujourd’hui à quel point je les aime et je les admire. Ils s’appellent Marcel Azzola, Joë Rossi, Joss Baselli, Richard Galliano ou Domi Emorine. Quand les doutes sont trop forts, lorsque les questionnements sont trop pesants je les écoute, je m’immerge dans leur musique et, immédiatement, je sais à nouveau pourquoi j’ai choisi cet instrument. 


Envols

L’Envol est à la fois un espoir, un rêve et un accomplissement. L’espoir de grandir, de progresser. Le rêve de voir plus loin, de découvrir de nouveaux horizons. Le sentiment d’avoir parcouru un bout du chemin lorsque, trop rarement, le temps se fait moins pressant et qu’une courte halte permet de jeter un coup d’œil en arrière.

Mais l’envol c’est aussi la contradiction des règles physiques les plus élémentaires. La force de gravitation s’est révélée particulièrement puissante pour tenter d’empêcher l’accordéon de s’élever et de partir à la conquête de tous les répertoires musicaux. Il aura fallu que de nombreux compositeurs déploient une très grande énergie pour surpasser ces résistances. Ils ont inventé un répertoire original pour l’accordéon de concert et ainsi construit la rampe de lancement indispensable à la suite de l’épopée de notre instrument. 

Pour illustrer ces envols j’ai choisi des œuvres très différentes, tant dans leurs caractères et leurs styles que dans leurs modes d’écriture. Elles sont signées par des accordéonistes compositeurs. Elles sont un voyage dans le temps, décrivant sept décennies d’écriture pour notre instrument. Si André Astier et John Gart ne sont malheureusement plus de ce monde aujourd’hui, Petri Makkonen, Franck Angelis et Evgeni Derbenko sont eux bien vivants et continuent à composer de belles pages pour l’accordéon.

Ces pièces originales sont aussi un envol autour du monde, décollant des fjords Finlandais en direction des paysages Français verdoyants avant de survoler les gratte-ciel New-Yorkais et de nous faire atterrir, au petit matin, dans les steppes Russes enneigées.


Le Programme

sous réserve de modifications

Scherzo
de John Gart
arrangement de David Venitucci

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Prélude en Fa mineur BWV 881

de Jean-Sébastien Bach

Reine de musette

de Jean Peyronnin
arrangement de Joë Rossi

Flight beyond the Time

de Petri Makkonen

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Prélude en Do mineur, opus 28 n°20
de Frédéric Chopin

Double Scotch
de Marcel Azzola et Pascal Groffe
arrangement de Domi Emorine

Fantaisie en Mi mineur
de André Astier

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Choral Prélude, opus 122 n°5
de Johannes Brahms

Bal Sauvage

de Domi Emorine et Félicien Brut
d’après un thème de Jean-Philippe Rameau

Fantaisie sur « Les Parapluies de Cherbourg »

de Evgeni Derbenko
d’après un thème de Michel Legrand

– – – – – – – –
Prélude d’un Chant d’Espagne – Asturias

de Isaac Albéniz
arrangement de Friedrich Lips


Impromptu

de Joss Baselli

Amalgame

de Franck Angelis

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Prélude n°13

de Nino Rota

La Valse à Margaux

de Richard Galliano

Tango pour Claude

de Richard Galliano